Introduction

AuteurJean-Marie Hauglustaine - Michel Delnoy
Occupation de l'auteurArchitecte , Département des Sciences et Gestion de l’environnement, Université de Liège-Avocat , Barreau de Liège
Pages12-74

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A Qu'est-ce que la P.E.B. ?

L’épuisement des ressources naturelles d’énergie puis le réchauffement climatique justifient le fait que, depuis qu’elles ont été mises en place, les réglementations ther-miques ont toutes connu un renforcement de leur sévérité, comme en France, par exemple, où le renforcement est d’environ 10 % tous les 5 ans.

Une autre évolution réside dans l’élargissement des facteurs pris en compte dans le critère d’appréciation de la performance thermique ou énergétique du bâtiment.

Ainsi, la Directive européenne 2002/91/CE 3 impose, aux pays membres, d’adopter une réglementation qui permette d’apprécier la performance énergétique globale des bâtiments, dans le but de promouvoir l’amélioration de la Performance Energétique des Bâtiments (P.E.B.) dans l’Union Européenne.

Cette performance doit intégrer les déperditions thermiques du bâtiment (par transmission et par ventilation), les apports internes et solaires, l’éclairage artificiel, le rendement des installations de chauffage, d’eau chaude sanitaire, de ventilation et de climatisation, ainsi que le recours éventuel à des énergies renouvelables (capteurs solaires, cogénération, pompes à chaleur, etc.). Le bâtiment doit offrir à ses occupants un climat thermique confortable tout au long de l’année et une qualité saine de l’air intérieur.

La Directive enjoint les pays membres :

• d’établir une méthode de calcul de la performance énergétique des bâtiments, établie en énergie primaire ;

• d’instaurer des exigences minimales portant sur :

- la performance énergétique des bâtiments neufs. Si ces derniers ont une surface utile supérieure à 1.000 m², ils doivent, en plus, faire l’objet d’une étude de faisabilité attestant que le recours aux énergies renouvelables a bien été envisagé et étudié ;

- la performance énergétique des bâtiments existants, pour autant qu’ils aient une surface supérieure à 1.000 m² et qu’ils fassent l’objet d’une rénovation lourde ;

• de mettre en place une certification de la performance énergétique de tous les bâtiments (à l’horizon 2009) ;

• d’organiser une inspection régulière des chaudières et des systèmes de climatisation.

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Toujours selon la Directive, la méthode de calcul de la P.E.B. doit intégrer :

• les caractéristiques thermiques de l’enveloppe ;

• l’étanchéité à l’air du bâtiment ;

• la ventilation ;

• l’orientation du bâtiment et le climat extérieur ;

• les équipements de chauffage et d’eau chaude sanitaire ;

• les installations de climatisation ;

• les installations d’éclairage artificiel si le bâtiment n’est pas un bâtiment résidentiel ;

• la qualité du climat intérieur (température, polluants…).

Elle prend ainsi en compte tous les paramètres nécessaires et suffisants à l’établisse-ment du bilan énergétique global d’un bâtiment.

Progression majeure des réglementations : la Directive étend leur application à tous les bâtiments – et non plus seulement aux bâtiments résidentiels, de bureaux ou scolaires – pour autant qu’ils soient chauffés.

Elle permet toutefois d’en dispenser :

• les bâtiments d’intérêt historique, pour autant que l’application des exigences ait une conséquence inacceptable sur leur caractère ou leur apparence ;

• les bâtiments lieux de culte ;

• les constructions provisoires (pour une durée d’utilisation de 2 ans ou moins) ; les bâtiments résidentiels utilisés moins de 4 mois par an ;

• les sites industriels, les ateliers et les bâtiments agricoles non résidentiels, peu énergivores ;

• les bâtiments agricoles non résidentiels faisant l’objet d’un accord sectoriel régional en matière de performance énergétique ;

• les bâtiments indépendants d’une superficie utile totale inférieure à 50 m².

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B Pourquoi des règlementations thermiques ?
1. Raréfaction des ressources énergétiques

L’ère industrielle s’est marquée par une augmentation significative de la consomma-tion mondiale d’énergie, qui concernait pour l’essentiel la biomasse traditionnelle (bois et charbon de bois). Mais c’est surtout la fin de la seconde guerre mondiale et les golden sixties qui ont fait exploser cette consommation passant de 2 Gtep en 1950 à 10,5 Gtep en 2005 : la Figure 1 4 illustre cette évolution.

[VOIR FIGURE EN PDF ADJOINT]

Figure 1: Evolution de la consommAtion mondiale d’énergie commerciale (=hors biomasse)

Il faudrait y ajouter la consommation de biomasse (énergie renouvelable...) qui représente actuellement 1 à 1,5 Gtep par an.

Si l’on regarde plus en détail la part respective de chaque énergie dans le total, on peut constater (Figure 2 5) que :

• la biomasse (cercle blanc) reste constamment utilisée : en Afrique, par exemple, elle représente 50 % des besoins énergétiques ;

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[VOIR FIGURE EN PDF ADJOINT]

Figure 2: Consommation mondiale d’énergie primaire depuis 1850 (GTEP)

• le charbon (losange noir) fut le premier combustible fossile utilisé dès le début de l’industrialisation. Sa consommation n’a pas cessé de croître depuis lors, restant actuellement la deuxième source d’énergie utilisée après le pétrole ;

• le pétrole (carré blanc) est ensuite venu apporter son renfort, devenant aujourd’hui la première source d’énergie primaire utilisée, en volume de consommation ; le gaz (triangle noir) lui a emboîté le pas, pour devenir la 3ème source d’énergie après le pétrole et le charbon ;

• l’énergie hydroélectrique (losange blanc) est intervenue dès le début du 20èmesiècle, pour atteindre une contribution importante dans la production mondiale d’électricité ;

• le nucléaire (carré noir) est arrivé plus tardivement (après 1950) ;

• les énergies renouvelables – géothermie (cercle noir) et les autres (solaire, éolien, etc. : croix) – sont venues encore plus tardivement et n’assurent aujourd’hui qu’une part encore timide de la consommation mondiale (de l’ordre de 1 %).

Actuellement, les deux vecteurs énergétiques qui supportent le principal de la demande sont bien le pétrole et le gaz.

Vue sous un angle global, la production de pétrole, au niveau mondial, a augmenté progressivement jusqu’en 1990 - 2000, années à partir desquelles on considère qu’elle ne peut plus s’accroître, mais qu’elle va graduellement diminuer (Figure 3 6), ce qui exprime le problème de la durée des réserves.

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[VOIR FIGURE EN PDF ADJOINT]

Figure 3: Evolution au cours du temps de la découverte de gisements et de la production pétrolière

« En ce qui concerne le pétrole et le gaz, le processus de raréfaction progressive des découvertes de nouveaux gisements a été occulté principalement par la réévaluation importante des réserves des gisements déjà découverts, dont l’origine est double :

• la sous-évaluation des ressources au moment de leur découverte ;

• l’amélioration des taux de récupération par l’amélioration de la technologie, par exemple : forages horizontaux, têtes de forage autonomes, exploitation des fonds océaniques jusqu’à 3.000 mètres de profondeur...

Par ailleurs, les découvertes de nouveaux gisements ne compensent plus les volumes de pétrole consommés, comme en témoigne la Figure 3 qui montre un ralentissement du rythme des découvertes dû à la rareté des gisements restant à découvrir.

Sur cette Figure, le décalage entre l’échelle des découvertes et l’échelle de production provient du fait qu’il s’écoule au moins 15 ans entre la découverte d’un gisement et l’instant où la moitié du contenu exploitable a été extrait. En conséquence, on prévoit un déclin de la production de pétrole vers 2020 ». 7

Géologue à la retraite, Colin J. CAMPBELL a fondé l’Association for the Study of Peak Oil and Gas (ASPO).

Après avoir passé sa carrière dans l’industrie pétrolière, il se consacre désormais à l’étude de la déplétion du pétrole mondial, à savoir la décroissance des réserves de pétrole, consécutive à la consommation.

Il distingue le pétrole conventionnel, des quatre types de pétroles non convention- nels, à savoir : le pétrole polaire (dans le cercle artique), celui produit en mer à plus de 500 mètres de profondeur (off-shore profond), les condensats (ou les liquides issus du gaz naturel) et enfin tous les pétroles lourds (schistes bitumineux...).

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En 2004, il a ainsi rassemblé les...

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