Décision judiciaire de Conseil d'État, 3 mai 2006

Date de Résolution 3 mai 2006
JuridictionVI
Nature Arrêt

CONSEIL D'ETAT, SECTION D'ADMINISTRATION.

A R R E T

nº 158.271 du 3 mai 2006

G./A.169.478/VI-17.090

En cause : la société en commandite simple OCEANE,

ayant élu domicile chez

Me Ignace BROUCKAERT, avocat, résidence des Mottes, nº 10, 7500 Tournai,

contre :

la ville de Mouscron,

ayant élu domicile chez

Mes Edward VAN DAELE et Benoît VERZELE, avocats, drève Gustave Fache, nº 3, bte 4, 7700 Mouscron.

-------------------------------------------------------------------------------------------------------LE PRESIDENT DE LA VI e CHAMBRE DU CONSEIL D'ETAT, SIEGEANT EN REFERE,

Vu la demande introduite le 16 janvier 2006 par la société en commandite simple OCEANE qui demande la suspension de l’exécution de la délibération du 14 novembre 2005 du conseil communal de la ville Mouscron ayant pour objet la fermeture de 22 heures à 5 heures du matin des commerces de nuit ouverts au public situés sur le tronçon de la chaussée de Lille compris entre la frontière nationale et le carrefour formé par les chaussées du Risquons-tout et de Lille;

Vu la requête introduite le même jour par la même requérante qui demande l'annulation de la même décision;

VIr - 17.090 - 1/14

Vu la note d'observations et le dossier administratif de la partie adverse;

Vu le rapport de M. QUINTIN, Premier Auditeur chef de section au Conseil d'Etat;

Vu l'ordonnance du 16 mars 2006 fixant l'affaire à l'audience du 28 mars 2006 à 09.30 heures;

Vu la notification du rapport et de l'ordonnance de fixation aux parties;

Entendu, en son rapport, Mme WILLOT-THOMAS, Président de chambre;

Entendu, en leurs observations, Me Virginie DE WINTER, loco Me Ignace BROUCKAERT, avocat, comparaissant pour la partie requérante et Me Benoît VERZELE, avocat, comparaissant pour la partie adverse;

Entendu, en son avis conforme, M. QUINTIN, Premier auditeur chef de section;

Vu le titre VI, chapitre II, des lois sur le Conseil d'Etat, coordonnées le 12 janvier 1973;

Considérant que les faits utiles à l’examen de la cause sont les suivants :

  1. La société en commandite simple "Océane" exploite un magasin de nuit à Mouscron, chaussée de Lille, 326, à proximité immédiate de la frontière française; un second magasin de nuit est implanté au numéro 320 de la chaussée de Lille à l’enseigne "3 stars night shop" et propriété d’un sieur AMJAD Javed.

  2. En sa séance du 8 novembre 2004, le conseil communal de la ville de Mouscron a décidé, sur le vu d’un rapport de police du 10 septembre 2004 signalant que les deux magasins de nuit sont à l’origine de nuisances nocturnes dont se plaignent les habitants du quartier, que les commerces de nuit situés dans le tronçon de la chaussée de Lille, entre la frontière nationale et le carrefour formé par les chaussées de Lille et du Risquons-tout, devront être fermés de 22 heures à 5 heures du matin pour une durée d’un mois; aucun recours en annulation n’a été formé contre cette délibération.

    VIr - 17.090 - 2/14

    3. En sa séance du 24 janvier 2005, le conseil communal a décidé, sur le vu d’un rapport de police du 6 janvier 2005 signalant la réapparition des mêmes troubles à l’ordre public après la réouverture des deux magasins, la fermeture des mêmes commerces de nuit de 22 heures à 5 heures du matin, pour une durée de trois mois; aucun recours en annulation n’a été formé contre cette délibération.

  3. Un rapport de police du 28 octobre 2005 fait état de la réapparition des nuisances après une période d’accalmie consécutive à la fermeture ordonnée par la délibération du 24 janvier 2005. Le dossier accompagnant le rapport contient un descriptif des activités des deux commerces de nuit, des atteintes à l’ordre public qui leur sont reprochés et des doléances des habitants de la partie française du quartier. Le 14 novembre 2005, le conseil communal a adopté une troisième ordonnance ayant pour objet la fermeture, de 22 heures à 5 heures du matin, des commerces de nuit (night-shops) ouverts au public et situés dans la chaussée de Lille (tronçon compris entre la frontière nationale et le carrefour formé par les chaussées du Risquons-tout et de Lille). Il s’agit de l’acte, objet de la demande de suspension, rédigé ainsi qu’il suit :

    " Vu la Nouvelle Loi Communale et en particulier les articles 112,119 bis, 135 § 2, 2º,

    3º et 7º.

    Vu le rapport de Monsieur Jean-Michel JOSEPH, Commissaire Divisionnaire, chef de la zone de police de Mouscron, daté du 28 octobre 2005 :

    Vu la décision du conseil communal en sa séance du 08 novembre 2004 visant la fermeture temporaire de 22 heures à 05 heures du matin des commerces de nuit (night-shops) ouverts au public situés dans la chaussée de Lille (tronçon compris entre la frontière nationale et le carrefour formé par les chaussées du Risquons-Tout et de Lille) pendant un mois.

    Vu la décision du conseil communal en sa séance du 24 janvier 2005 visant la fermeture temporaire de 22 heures à 05 heures du matin des commerces de nuit (night-shops) ouverts au public situés dans la chaussée de Lille (tronçon compris entre la frontière nationale et le carrefour formé par les chaussées du Risquons-Tout et de Lille) pendant trois mois.

    Considérant que pendant les mesures de fermeture en objet prises par le conseil communal en ses séances du 08 novembre 2004 et du 24 janvier 2005, les troubles à l'ordre public générés par l'exploitation des magasins de nuit ont fortement diminué, voire cessé, pendant le créneau horaire de fermeture de 22.00 hr à 05.00 hr;

    Considérant que le rapport de notre police daté du 28 octobre 2005 atteste de cet état de fait et constate l'absence de trouble à l'ordre public pendant les périodes de fermeture;

    Considérant que dans le même rapport il est fait état que dès la fin de la mesure "de nouvelles nuisances sérieuses et objectives sont à nouveau apparues, avec la même ampleur et aux mêmes heures" que celles qui avaient été constatées avant la prise de cette mesure de fermeture;

    VIr - 17.090 - 3/14

    Considérant que ce constat est basé suite à des observations réalisées courant septembre 2005 durant toute la durée d'ouverture des magasins de nuit tant la semaine que le week-end et résultant de la surveillance des commerces de nuit situés dans le secteur visé;

    Considérant que ces troubles à l'ordre public consistent en d'incessants bruits et tapages résultant de :

    - démarrages et allumages de moteur; - bruits de moteur tournant des véhicules; - claquements des portières; - musique dans véhicules, audible de l'extérieur; - coups de klaxon; - discussions à l'extérieur du magasin; - cris sur la voie publique;

    Considérant qu'outre ces troubles à la sécurité publique, compte tenu du comportement sur la voie publique dans le secteur visé de plusieurs automobilistes, des situations accidentogènes ont été détectées comme:

    - des véhicules garés à contre-sens; - des stationnements en milieu de chaussée; - des démarrages ou arrivées en "trombe";

    Attendu qu'il est établi que les faits constatés par nos forces de police trouvent leur origine dans l'activité des commerces de nuit implantés dans le secteur;

    Attendu que les contextes socio-économique, démographique et criminels exposés dans la délibération du conseil communal du 08 novembre 2004 restent inchangés;

    Attendu que la fréquence des troubles à l'ordre public constatés est quasi constante, que ce soit la semaine...

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